Interfrancemedia pour Le Monde-supplément éco - septembre 2004 dossier ex-URSS
Bruno Cargnelli
interfrancemedia
article n°1
Une mosaïque de peuples et d’intérêts et d’intérêts

Progressant au cours des âges des plaines de l’Ukraine à la Sibérie, la Russie a intégré plus de 200 ethnies et nations.

L’histoire de la Russie débute aux alentours de l’an 700, dans les forêts d’Ukraine lors de la colonisation de ce territoire par les proto-slaves. Par la suite, du X° au XX° siècle son histoire est celle de la formation d’un vaste empire s’étendant des plaines de l’Europe Orientale aux rives du Pacifique et aux montagnes de l’Asie Centrale. Un empire de taille continentale, christianisé aux alentours de l’an 1000 et qui, en s’étendant vers l’Est et les plaines de Sibérie, a européanisé la partie nord du continent asiatique. Ce faisant, il a intégré au cours des siècles 200 nationalités et groupes ethniques d’importance relative très variable. Entre Europe et Asie, la Russie n’a jamais vraiment choisi. Son nom lui-même dériverait d’un mot signifiant « le domaine où se rassemblent les peuples ».
Transformée en état moderne par Pierre Le Grand au XVIII° siècle, rejoignant le groupe des monarchies éclairées sous Catherine II, la Russie connaît alors un développement de l’activité économique tardif mais comparable à celui constaté dans les pays européens. Cependant, dès  1863, l’empire se fissure : sous la pression de l’insurrection polonaise, les réformes libérales décidées par le Tsar Alexandre II sont abolies,. Son successeur Alexandre III accentuera la répression. Une révolution plus tard, c’est encore une fois en grande partie sous la pression des revendications d’indépendance que l’Empire Soviétique finira par éclater, à partir de 1989, avec la généralisation des mouvements d’émancipation dans les pays les plus européens de l’ex-bloc socialiste.

Aux confins sud-orientaux de l’ex-empire, les cinq Républiques d’Asie Centrale : Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Turkmenistan et Ouzbékistan affirment une spécificité culturelle qui s’appuie sur une histoire glorieuse et plusieurs fois millénaire. Celle-ci est avant tout marquée par des invasions successives : Perses, Grecs, Mongols, Turcs, Arabes musulmans ont laissé leur empreinte dans cette région-pivot essentielle, créant les conditions de la rencontre et des échanges entre la civilisation persanne et le monde des Steppes, grâce à la mythique Route de la Soie. Au cours de ce riche passé certains conquérants tels que Gengis Khan ou Tamerlan, mais aussi des poètes comme Ommar Khayahm se sont illustrés, jusqu’à devenir universellement célèbres.
Dans cette région, la conquête russe n’est véritablement effective que depuis 1853, les cinq républiques ayant quant à elles été constituées entre 1924 et 1936. Si toutes jouent résolument la carte du développement économique, elles adoptent désormais des approches différentes : là où certaines cherchent à renforcer les liens avec la Russie, d’autres jouent délibérément la carte de l’indépendance et de l’ouverture internationale. Dans tous les cas la logique reste cependant la même : instaurer des mécanismes de marché et créer les conditions de transparence nécessaire pour attirer les investissements internationaux. Sur ce point, tous les états sont d’accord.


article n°2
Nouvelles logiques

L’effondrement de l’économie centralisée soviétique fait érmerger de nouvelles logiques de développement.


La Communauté des États indépendants (CEI) a été créée par un Communiqué commun des représentants biélorusse, russe et ukrainien en date du 8 décembre 1991. Quelques jours plus tard elle ralliait les cinq républiques d’Asie Centrale, bientôt suivies des autres républiques, à l’exception des 3 pays baltes, indépendants. Cette organisation qui n’est ni un état, ni une fédération, ni une véritable confédération réunit 12 états très hétérogènes en termes de poids économique, de démographie,voire d’intérêt stratégique.
Elle a cependant constitué un outil privilégié de la coordination d’actions au service du développement économique général. Ce qui n’empêche pas, pragmatiquement, de nouer d’autres partenariats.
Depuis 1996, le Kazakhstan et le Khirgiztan se sont engagés un processus d’intégration économique avec la Russie et la Biélorussie, auquel le Tadjikistan s’est associé depuis 1998. En 2000 a été créée une union économique eurasiatique entre ces partenaires, dont les statuts rappellent ceux de la Communauté européenne.

D’autres membres de la CEI comme l'Ukraine, ou le Turkménistan sont attirés par d’autres pôles. L'Azerbaïdjan, l'Ouzbékistan sont également, relativement indépendants, en raison de la richesse de leurs ressources naturelles et énergétiques. De son côté, la Géorgie dirige tous ses espoirs vers l'Ouest quand la Moldavie semble hésiter entre l'attraction de ses voisins occidentaux - dont la Roumanie voisine,et une intégration plus franche dans la CEI, à laquelle la pousse la partie russophone de sa population.

La plupart des pays se sont engagés dans des groupements régionaux économiques et douaniers: Union Centrasiatique, Organisation de Coopération Economique des pays musulmans, Coopération économique de la Mer noire ou encore le GUUAM créé pour assurer les conditions d’exploitation du pétrôle de la Caspienne. Ces structures sont le cadre privilégié de recherche de synergies et de partenariats de tous ordres. Pour assurer la transition vers l’économie de marché, l’attraction des investisseurs étrangers et l’acquisition de technologies à l’état de l’art sont des priorités.